Depuis que Frontiers a, sans crier gare, claqué la porte de la très convoitée licence F1 Manager, un vide béant, presque un gouffre, s’est creusé dans le cœur des aficionados de la gestion de course automobile. L’amertume était palpable, les claviers restaient silencieux, les stratégies virtuelles en suspens. Fort heureusement, car la nature a horreur du vide, et le marché du jeu vidéo encore plus, quand l’un s’en va, d’autres arrivent ! Et c’est là qu’entrent en scène, tels des chevaliers blancs sur leur destrier motorisé, Tiny Build Games et IMV Studios avec GT Manager. Ces deux compères ont décidé de prendre le taureau par les cornes, ou plutôt le volant, pour combler ce manque et s’emparer de ce marché de niche.
Une niche, soyons clairs, qui se situe elle-même dans une autre niche, qui elle-même est nichée dans une autre. Bref, vous avez saisi l’idée : un public de connaisseurs, exigeants et avides de profondeur. Alors, chaussons nos combinaisons virtuelles, mettons notre casque de stratège et voyons ce que GT Manager a réellement sous le capot.


ADIEU LA F1, BONJOUR LE GRAND TOURISME !
Oubliez les fantasmes échevelés de diriger la Scuderia Ferrari ou Mercedes-AMG Petronas ; ici, comme son nom l’indique avec une logique implacable et sans détour, GT Manager vous propulse aux commandes d’une équipe de Grand Tourisme. Une catégorie où les bolides hurlent et se frôlent sur des circuits mythiques, mais sous un autre angle. Le titre vous fait démarrer modestement, les mains dans le cambouis, au sein de la catégorie GT4, une excellente école pour faire vos premières armes et apprendre les ficelles du métier. De là, vous devrez gravir les échelons petit à petit, saison après saison, victoire après victoire, jusqu’à atteindre la catégorie reine, l’élite de l’endurance : les Hypercars. C’est un voyage long et exigeant, mais ô combien gratifiant.
Le jeu a eu la bonne idée de faire le plein de licences officielles pour les voitures, allant des monstres de puissance aux beautés racées, ainsi que pour les pilotes, ce qui est toujours un plus indéniable pour l’immersion et la sensation d’authenticité. Malheureusement, et c’est un point qui tire un peu sur la corde sensible, les circuits n’ont pas eu cette même chance. Les développeurs ont dû se contenter de créer des versions alternatives des tracés officiels, incluant parfois des modifications significatives, histoire de brouiller les pistes. Ainsi, vous reconnaîtrez sans peine les virages techniques de Silverstone, le fameux et redoutable Corkscrew de Laguna Seca ou les chicanes rapides du circuit Gilles Villeneuve, même si leurs noms réels ne sont jamais prononcés. C’est un peu comme reconnaître une star dans la rue sans oser l’appeler par son vrai nom, ou un tableau célèbre sans connaître son titre exact.

DES DÉBUTS MODESTES… ET DES CHOIX ÉVIDENTS (POUR LES PLUS MALINS)
Vos premiers tours de roues en tant que manager se font donc, comme mentionné, dans l’humble mais compétitive catégorie GT4. La première étape, cruciale et déterminante pour le reste de votre saison, est la sélection de votre monture. Le jeu vous offre des indices de performance clairs pour vous guider, un peu comme un GPS pour néophytes : accélération fulgurante, vitesse maximale pure, maniabilité en courbe, usure des pneus (un facteur souvent négligé mais vital), et la fiabilité, ce joyau qui peut vous faire gagner ou perdre une course en un clin d’œil.
Tous ces facteurs sont à peser minutieusement dans votre choix, car la voiture parfaite n’existe pas. Il en va de même pour les pilotes, ces gladiateurs des temps modernes, qui sont notés sur leurs capacités intrinsèques : sont-ils des rois sur piste sèche, des génies sous la pluie, des maîtres du dépassement, et quelle est leur endurance ? Un mauvais choix ici peut transformer votre saison en véritable chemin de croix, chaque course devenant un calvaire. Mais soyons honnêtes, et c’est un léger bémol, si toutes les voitures se valent au final, offrant un équilibre louable, les écarts de performance entre les pilotes sont parfois si prononcés que le choix est souvent une évidence, à moins d’être complètement inconscient ou de vouloir absolument pimenter votre vie de manager.


VIENS CHEZ MOI, J’HABITE CHEZ UNE COPINE… ET J’INVESTIS !
Au tout début de votre aventure, votre écurie se résume à une simple usine, un peu comme le garage du coin où l’on prépare la voiture pour le contrôle technique, avec quelques outils de base et beaucoup de bonne volonté. C’est le point de départ de tout empire. Mais très rapidement, à mesure que les victoires s’accumulent (on l’espère !) et que les revenus rentrent, vous pourrez investir massivement dans de nouvelles infrastructures pour doper vos performances et asseoir votre domination. Imaginez : un département de R&D flambant neuf pour innover et repousser les limites techniques, un centre d’entraînement ultramoderne pour faire transpirer vos pilotes et les transformer en surhommes, des installations d’ingénierie avancées… Chaque bâtiment vous construisez, chaque amélioration que vous apportez, a bien sûr besoin de son lot de personnel qualifié. Et pour payer les salaires de tout ce petit monde, des mécaniciens aux ingénieurs en passant par les nutritionnistes des pilotes, il n’y a pas trente-six solutions : il est impératif d’obtenir de bons résultats en course. L’argent, l’essence même de l’équipe, est le nerf de la guerre, même dans la course automobile virtuelle !
Si la plupart de ces infrastructures contribuent efficacement au développement global de l’écurie, offrant une progression satisfaisante, nous avons tout de même noté deux écueils majeurs, dignes d’un petit grain de sable dans le moteur d’une Hypercar. Le premier concerne le département R&D qui, à l’heure où ces lignes sont rédigées, ne valide malheureusement pas la fabrication de nouvelles pièces de A à Z. C’est un peu comme un laboratoire de pointe qui ferait des expériences sans jamais sortir de prototype concret, se contentant d’améliorer l’existant. Il permet cependant d’améliorer les pièces existantes, ce qui est déjà ça, mais on aurait aimé un volet de recherche plus ambitieux. On regrette aussi, et c’est une petite déception pour les puristes, qu’il ne soit pas possible d’orienter précisément le développement des pièces pour améliorer une statistique en particulier (freinage, aérodynamisme, etc.). Enfin, la piste d’essai, pourtant prometteuse sur le papier et essentielle pour affiner les réglages, ne nous a pas permis de trouver des écarts concluants entre les différents paramétrages, la rendant malheureusement… inutile. Un peu comme une salle de sport flambant neuve sans machines, on y va, mais on n’y fait rien de très productif.

LA STRATÉGIE POUR LES NULS (OU PRESQUE… PARFOIS)
Pendant les week-ends de course, le rituel est un classique immuable pour tout fan de gestion automobile : vous commencez par régler vos voitures avec précision, en ajustant la quantité de carburant embarqué pour la course et en choisissant les types de pneus adaptés aux conditions. Une fois ces décisions prises, vous lancez les qualifications, un moment de pure tension où chaque dixième compte, puis la course elle-même, l’apogée de vos efforts. L’écran de préparation des séances est globalement bien pensé, restant lisible et ergonomique, permettant une prise en main rapide.
Mais là où le bât blesse un peu, et cela pourrait frustrer les stratèges aguerris, c’est qu’il ne permet pas de planifier votre stratégie de course globale ni de paramétrer vos arrêts aux stands à l’avance avec une grande flexibilité. Le jeu vous oblige à paramétrer le tour exact où vous souhaitez effectuer l’arrêt, sans grande marge de manœuvre en amont. Une fois en course, la donne change : vous pouvez dicter à vos pilotes quel rythme de course suivre (agressif, normal, conservateur) et quand s’arrêter, en prenant en compte l’état des pneus et du moteur, qui se dégradent en temps réel. Bref, rien de nouveau sous le soleil de la gestion de course, une approche très classique et sans surprise majeure, qui conviendra aux novices mais pourra sembler un peu légère aux vétérans.

SOUCIS MÉCANIQUES ET MANQUE CRUEL DE CHALLENGE
Visuellement parlant, disons-le sans détour, GT Manager n’est pas d’une beauté foudroyante, au contraire même. On est loin des standards actuels des simulations de course. Les voitures sont correctement modélisées, avec des détails appréciables, mais les environnements sont basiques, presque rudimentaires, un peu comme une maquette en carton sur laquelle on aurait oublié de peindre les détails. Les circuits, bien que non sous licence comme mentionné précédemment, sont reconnaissables, ce qui est un bon point. Cependant, voir une légende comme Laguna Seca (et son fameux Corkscrew, normalement une descente vertigineuse) aussi plat qu’une crêpe sans relief, ça fait quand même de la peine au cœur d’un passionné. C’est un détail, certes, mais cela contribue fortement à l’aspect assez générique et dépouillé de la représentation des circuits, surtout lorsqu’on passe à la vue d’ensemble depuis le ciel. Car si les éléments en bord de piste (murets, quelques arbres) sont un minimum détaillés, les éléments plus en retrait n’ont eu droit qu’au minimum syndical, avec leurs textures monochromes et leur manque flagrant de vie. On n’est pas dans un film d’art et d’essai minimaliste, mais on n’est pas non plus en 4K immersive.
Dans un autre domaine, et c’est peut-être le plus gros point faible pour les joueurs expérimentés, si vous recherchez un challenge digne de ce nom, GT Manager n’est sans doute pas le jeu pour vous. En effet, en restant un minimum attentif à votre stratégie de base et en gérant vos ressources, vous n’aurez pas de mal à placer vos deux voitures dans les points à chaque course et à rafler les divers championnats, saison après saison. C’est une progression presque linéaire, où l’on se sent invincible. Ce succès constant vous permettra d’investir sans compter dans vos infrastructures, d’améliorer vos performances de manière exponentielle, et de finalement devenir intouchable, tel un Max Verstappen au sommet de sa forme en 2022, écrasant toute concurrence. On s’ennuierait presque par manque d’adversité ! Seules quelques courses optionnelles, avec des conditions un peu plus pimentées ou des contraintes spécifiques, vous donneront un peu de fil à retordre, mais cela reste anecdotique.

QUELQUES TOURS SUR STEAM DECK
Bien que le test principal ait été effectué sur PC, nous avons également eu l’opportunité de faire quelques tours de piste sur Steam Deck. Et la bonne nouvelle, c’est que GT Manager tourne admirablement bien sur la console portable de Valve. La fluidité est au rendez-vous, l’interface s’adapte correctement à l’écran plus petit, et l’expérience de jeu reste globalement très agréable pour les sessions en déplacement. Le seul bémol notable, et c’est un point à considérer si vous avez une vue d’aigle, concerne la taille des écritures. Elles sont un poil trop petites, ce qui peut rendre la lecture des informations, surtout pendant les courses où il faut être réactif, un peu fastidieuse à la longue. Rien d’insurmontable, mais cela demande un léger effort d’accommodation.
VERDICT : UNE BONNE PAIRE DE PANTOUFLES (UN PEU TROP CONFORTABLES)
Au final, GT Manager n’a rien de révolutionnaire, c’est une évidence, mais ce n’est clairement pas son ambition avouée. Il se contente de reprendre des éléments bien connus du genre de la gestion de course, des mécaniques éprouvées qui ont fait leurs preuves, offrant ainsi une expérience agréable, familière et bien rodée. Lancer une partie de GT Manager, c’est un peu comme enfiler une bonne paire de pantoufles après une longue et harassante journée de travail : c’est chaud, c’est confortable, on s’y sent bien, et on ne veut plus les quitter. Peut-être un peu trop d’ailleurs, tant le challenge est aux abonnés absents, ce qui pourrait laisser sur leur faim les vétérans du genre. Cela étant dit, il est indéniablement agréable à jouer, fluide et sans prise de tête, et constitue une excellente porte d’entrée dans le genre pour les débutants qui ne veulent pas se prendre la tête avec des systèmes trop complexes ou des défis insurmontables. C’est un jeu qui détend, qui permet de construire son écurie pas à pas, sans la pression constante de la défaite.
Points positifs :
- Une recette éprouvée qui fonctionne parfaitement pour une expérience accessible
- Facile à prendre en main, avec une interface intuitive
- Idéal pour les débutants qui souhaitent découvrir le genre de la gestion automobile
- Un bon sentiment de progression et de développement de son écurie
Points négatifs :
- N’invente absolument rien en termes de gameplay ou de mécaniques
- Pas de réels challenges pour les joueurs expérimentés, un manque de difficulté globale
- Pas de circuits sous licence officielle, ce qui nuit à l’immersion pour les puristes
LITTLE NIGHTMARES III : La nouvelle plongée dans l’horreur enfantine ! – La Pause Geek
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