Mes amis, il y a des jeux comme ça, dont la simple évocation vous transporte, vous fait miroiter des contrées lointaines et des aventures nimbées de mystère. Spirit of the North 2. Fermez les yeux un instant. Vous voyez le tableau ? Des aurores boréales qui peignent le ciel nocturne de rubans émeraude et saphir, le silence ouaté d’une forêt enneigée uniquement troublé par le crissement délicat de la neige sous des pattes agiles, une mélodie aussi douce qu’un murmure du vent qui vous arracherait presque une larme… Voilà la carte postale mentale, le rêve éveillé que je m’étais construit, moi, incorrigible amoureuse des expériences contemplatives et, avouons-le, créature faible devant tout jeu mettant en scène un renard avec un minimum de charisme.

Cinq longues années se sont écoulées depuis que le premier Spirit of the North nous avait conviés à une balade mémorable, et voilà qu’Infuse Studio, toujours sous la houlette de Merge Games, nous promettait une suite transcendée, une véritable symphonie de l’exploration, encore plus poignante, plus vaste, plus… tout. J’avais préparé le kit de survie du gamer émotif : plaid douillet, chocolat chaud fumant, mon âme de barde prêt à chanter des louanges… et ma fidèle manette PS5, bien sûr (un grand merci à l’éditeur pour la clé du royaume, un geste qui touche toujours ma corde sensible !). Les premières heures, je dois l’admettre, furent un enchantement. Je trottais, la truffe au vent, les yeux écarquillés, me disant « Ça y est, c’est LUI, le jeu qui va me marquer au fer rouge cette année ! ».
Et puis… insidieusement, le vernis a commencé à craqueler. Le moteur s’est mis à toussoter. Après une quinzaine d’heures à arpenter ces terres aussi splendides que désolées, le pèlerinage onirique s’est mué en une errance un peu lasse, me laissant avec un arrière-goût d’inachevé et une frustration palpable, du genre à vous faire soupirer très fort devant votre écran. Alors, que s’est-il donc passé pour que cette épopée qui s’annonçait flamboyante finisse par me glisser aussi tristement entre les doigts ? Accrochez-vous à votre fourrure, je vous emmène dans les coulisses d’une expédition qui a frôlé la magie avant de me laisser sur le bas-côté.
| FICHE EXPRESS | INFOS CLÉS |
|---|---|
| Jeu Testé Sur | PS5 (version numérique offerte par l’éditeur) |
| Mon Chrono Perso | Environ 15 heures (et pas une de plus !) |
| Trame Principale Fini ? | Oui |
| Jeu Fini à 100% ? | Non |
| Niveau de Défi | Unique, comme ça pas de jaloux. |
| Catégories | Aventure poétique, Puzzle environnemental, et une lichette de RPG |
| Sortie Officielle | 8 mai 2025 |
| Prix Indicatif | 29€99 (un investissement à méditer) |
| Disponibilité | Xbox / Steam |
| Langue de Molière | En français, cocorico ! |
| Connexion Web | Pas besoin, vous pouvez jouer au fond de votre tanière |
MON RENARD, CE HÉROS INVOLONTAIRE (ET SON CORBEAU DE COMPAGNIE)
Au cœur de cette fresque nordique, nous avons donc notre protagoniste à quatre pattes, un renard roux que l’on peut, petite nouveauté appréciable, personnaliser un tantinet. Histoire de ne pas le laisser sombrer dans la folie de la solitude, les développeurs lui ont rapidement adjoint les services d’un corbeau, compagnon à plumes aussi énigmatique qu’utile. Le tandem est formé, mais pour quoi faire au juste ? Eh bien, leur paisible île natale (si tant est qu’elle fût paisible) est frappée par une sorte de cataclysme mystique, une corruption qui ronge la terre et l’esprit. C’est le point de départ, un peu comme être jeté dans le grand bain sans bouée, d’une quête aux tenants et aboutissants aussi clairs que de l’eau de source… boueuse. On sent bien qu’il y a un truc grave qui se passe, mais les pourquoi du comment restent dans le flou artistique le plus total pendant un bon moment.
Les connaisseurs du premier opus retrouveront leurs marques (ou leurs cicatrices, c’est selon) : Spirit of the North 2 ne réinvente pas la roue et conserve cette philosophie d’un monde gigantesque à explorer sans la moindre indication claire. Oubliez les mini-cartes GPS et les flèches clignotantes ; ici, votre seul guide sera votre flair de canidé et ces étranges volutes de fumée rouge qui serpentent dans le paysage, tels des feux follets vous invitant à les suivre (ou à vous perdre, c’est une possibilité). Le lore, car il faut bien un peu de substance narrative, se distille au compte-gouttes, au gré de vos découvertes et de la résolution des innombrables énigmes. Lentement, on comprend qu’il est question de purifier des terres souillées et de libérer les esprits des Gardiens ancestraux, des entités puissantes désormais prisonnières du mal. C’est une narration environnementale poussée à son paroxysme, qui mise tout sur l’interprétation du joueur, l’observation des détails et la lecture des collectibles pour reconstituer le puzzle d’un passé oublié. Une approche qui peut fasciner autant qu’elle peut frustrer, surtout si l’on cherche une histoire servie sur un plateau d’argent.

LA PROMESSE D’UNE AVENTURE GRAND NORD : CONTEMPLATION ET MÉNINGES
Dès les premiers instants, Spirit of the North 2 déploie une ambiance qui cherche à envoûter. Il se veut une ode à la nature sauvage, à la solitude introspective face à des paysages grandioses mais marqués par la désolation. L’inspiration des mythes et légendes scandinaves est une évidence, imprégnant chaque pierre, chaque arbre tordu par les vents. Et il faut le reconnaître, le dépaysement est souvent au rendez-vous. On s’arrête, on observe, on active le mode photo (s’il y en avait un digne de ce nom, ce qui n’est pas toujours le cas), car certains panoramas sont de véritables tableaux vivants. La mission qui nous incombe, dans ce vaste théâtre naturel, est donc de restaurer l’équilibre en sauvant ces fameux Gardiens. Chacun est reclus dans son biome – forêts luxuriantes, toundras glacées, cavernes cristallines – et pour les atteindre, puis les libérer, il faudra faire preuve d’astuce et de persévérance. Le jeu nous confronte à une myriade d’énigmes environnementales. Certaines sont classiques (activer des stèles dans le bon ordre, jouer avec des flux d’énergie), d’autres plus originales, mais elles exigent toutes une observation attentive et l’utilisation judicieuse des capacités spéciales de notre duo.

Car oui, notre renard et son corbeau ne sont pas de simples touristes. Chaque Gardien sauvé nous gratifie d’une bénédiction, un nouveau pouvoir qui ouvre des perspectives d’exploration jusqu’alors inaccessibles et renouvelle (un peu) la manière d’interagir avec le monde. C’est le principe de la carotte spirituelle. À cela s’ajoute le retour du système de runes, ces glyphes à dénicher au péril de sa vie ou à acheter avec des cristaux (la monnaie locale, récoltée sur des plantes lumineuses ou, plus rarement, sur les ennemis éthérés). Ces runes s’équipent sur différentes parties du corps de notre renard (tête, dos, pattes, queue… bientôt le collier anti-puces runique ?) ou sur notre corbeau, conférant des bonus passifs ou des compétences actives indispensables pour certains puzzles ou pour « affronter » les manifestations de la corruption. Une légère couche de RPG est également présente via un arbre de compétences rudimentaire, où l’on dépense des points (à trouver dans des coffres bien cachés) pour améliorer des statistiques de base comme la vitalité, l’endurance spirituelle ou l’efficacité de certains pouvoirs. Sur le papier, c’est un système complet, plein de promesses pour une exploration riche et des défis stimulants. Le genre de cocktail qui, normalement, me fait signer des deux mains.
QUAND LE VOYAGE DEVIENT CORVÉE : L’ENNUI AU BOUT DU CHEMIN
Alors, où le bât blesse-t-il ? Si les premières heures sont portées par la découverte et l’émerveillement face à cette proposition si singulière, un ennemi bien plus redoutable que n’importe quelle ombre corruptrice a fini par pointer le bout de son museau : la monotonie. L’exploration, qui devrait être le sel de l’aventure, s’est progressivement transformée en une obligation, une sorte de « liste de courses » géante et parfois ingrate. Il faut impérativement amasser une quantité astronomique de feux follets bleus pour ouvrir la moindre porte un tant soit peu importante, ce qui vous condamne à ratisser des zones immenses dans l’espoir de tomber sur ces petites lucioles. Il faut collecter des cristaux pour acheter des runes ou des améliorations, cristaux que l’on perd d’ailleurs en cas de mort (un petit coucou au système des âmes des Soulsborne, mais en version édulcorée et bien moins punitive, car la mort ici est rarement un enjeu majeur). Il faut dénicher ces précieux points de compétence pour ne pas se sentir sous-équipé face à des énigmes qui demandent des pouvoirs améliorés.

Le monde lui-même, aussi vaste et artistiquement réussi soit-il par endroits, souffre d’un syndrome de « l’immensité vide ». Bien sûr, cette solitude, ce vide, peuvent servir un propos narratif sur la désolation. Mais ludiquement parlant, cela se traduit par de longs, très longs moments de traversée où il ne se passe… rien. Des kilomètres de toundra ou de forêt sans interaction notable, si ce n’est la plante à cristal occasionnelle. Cette échelle gigantesque, qui pourrait être une force, devient un fardeau qui étire artificiellement la durée de vie et dilue l’intérêt. La progression devient alors répétitive : arriver dans une nouvelle zone, comprendre qu’il faut X feux follets pour la porte principale, ratisser, résoudre des énigmes satellites pour obtenir d’autres collectibles, revenir… L’intérêt ludique s’émousse, la motivation s’effrite, et ce qui était une quête poétique prend des allures de travail à la chaîne dans un décor de carte postale.
QUAND LES HEURES S’ÉTIRENT COMME UN JOUR SANS PAIN
Parlons durée de vie, justement. Après une quinzaine d’heures de jeu, comme mentionné plus haut, je n’ai pas vu le bout de l’histoire principale de Spirit of the North 2. Non pas par manque de contenu intrinsèque, peut-être, mais plutôt parce que le rythme imposé par cette exploration extensive et ces allers-retours nécessaires pour amasser les collectibles indispensables à la progression a eu raison de ma patience. Le jeu donne l’impression d’être artificiellement allongé par sa structure même.
Chaque nouvelle région demande son lot de « farm » de feux follets et d’exploration minutieuse, ce qui peut transformer une quête qui pourrait être bouclée en un temps raisonnable en une entreprise bien plus chronophage. Pour les complétionnistes qui voudront dénicher chaque rune, chaque point de compétence et chaque secret, l’aventure s’annonce potentiellement très longue, mais il faudra une sacrée dose d’abnégation pour ne pas ressentir le poids de cette répétitivité. Pour ceux qui visent juste la fin de l’histoire, la durée sera sans doute plus contenue, mais le chemin risque de paraître bien plus long qu’il ne l’est réellement, la faute à ces mécaniques qui étirent la sauce parfois jusqu’à l’écœurement. La valeur d’un jeu ne se mesure pas qu’au nombre d’heures, mais aussi à la qualité de celles-ci, et sur ce point, Spirit of the North 2 peine à convaincre sur la longueur.

LES PETITS TRACAS TECHNIQUES QUI GÂCHENT LA FÊTE (ET FONT RAGER)
Et comme si la lassitude ne suffisait pas à entamer mon enthousiasme, la technique s’est régulièrement invitée à la fête pour y mettre son grain de sable, voire son gravier. Au premier rang des accusés, le saut ! Ah, ce satané saut ! C’était déjà le point noir du premier Spirit of the North, et force est de constater que cinq ans n’ont pas suffi à lui apprendre la précision. Notre renard semble parfois avoir des ressorts à la place des pattes, mais des ressorts capricieux.
Une petite flèche bleue fantomatique tente bien de nous indiquer où notre canidé est censé atterrir, mais entre la théorie et la pratique, il y a un monde… et souvent un précipice. Combien de fois ai-je pesté en voyant mon avatar s’élancer avec la grâce d’un parpaing ou effectuer un bond de côté totalement injustifié, me précipitant vers une mort ridicule ou me forçant à refaire une séquence de plateforme déjà pénible ? Ajoutez à cela des bugs de collision où l’on passe à travers des éléments du décor ou, au contraire, où l’on reste coincé dans une texture invisible, et vous obtenez un cocktail de frustration qui a bien failli me faire défenestrer ma manette (je suis forte, j’ai résisté).
C’est d’autant plus rageant que, par moments, Spirit of the North 2 est capable de fulgurances visuelles. La direction artistique a une vraie patte, certains panoramas sont à couper le souffle, les effets de lumière peuvent être somptueux, et la diversité des biomes offre un réel plaisir pour les yeux. Mais cette beauté est souvent entachée par une gestion de la luminosité pour le moins… discutable. Si les extérieurs s’en sortent globalement bien, les « intérieurs » (grottes, temples en ruines, etc.) sont une autre histoire. Le jeu semble adorer jouer avec l’obscurité pour créer une ambiance, mais il y va parfois avec la subtilité d’un mammouth dans un magasin de porcelaine. On se retrouve ainsi fréquemment plongé dans un noir quasi absolu, où l’on avance à tâtons, en espérant ne pas tomber dans un trou ou se prendre un mur. Avoir beau pousser les options de gamma et de luminosité au maximum n’y change souvent rien : on est en mode spéléologue sans lampe frontale, et c’est épuisant.
AMBIANCE SONORE : ENTRE DOUCEUR ÉVANESCENTE ET SILENCE ASSOURDISSANT
La partition musicale de Spirit of the North 2 est à l’image du reste : pleine de bonnes intentions, mais manquant parfois de souffle. Les mélodies qui nous accompagnent sont généralement douces, éthérées, parfois teintées d’une mélancolie bienvenue. Elles caressent l’oreille, créent une atmosphère propice à la contemplation… quand elles sont là. Car le principal reproche que l’on pourrait faire à cette bande-son, c’est sa discrétion, voire ses absences prolongées.
De longs passages se déroulent dans un silence quasi monacal, uniquement perturbé par les bruits de pas de notre renard ou le souffle du vent. Si l’intention est peut-être de souligner la solitude ou l’immensité, l’effet produit est souvent inverse : cela accentue le sentiment de vide, rendant les longues traversées encore plus monotones. Une présence musicale plus affirmée, plus enveloppante, aurait pu grandement aider à maintenir l’immersion et à donner plus de corps à cette aventure qui en manque parfois cruellement.
EN CONCLUSION : BEAU POTENTIEL, MAIS UNE ROUTE SEMÉE D’EMBÛCHES (ET DE SAUTS RATÉS)
Spirit of the North 2 partait avec un bagage séduisant : une promesse d’évasion dans un univers nordique visuellement inspiré, aux commandes d’un duo animalier charismatique, le tout enveloppé dans une approche non-violente et contemplative. Les premières heures sont d’ailleurs une véritable lune de miel, où l’on se laisse porter par la beauté des lieux et le mystère ambiant. Cependant, cette idylle est de courte durée. La structure du jeu, avec son monde ouvert certes vaste mais cruellement sous-exploité et son exploration qui vire trop souvent à la collecteite aiguë, finit par lasser. La répétitivité s’installe comme un blizzard en plein été, et les écueils techniques, notamment une maniabilité des sauts exaspérante et une gestion de la luminosité parfois catastrophique, achèvent de miner le plaisir de jeu.
C’est le genre de titre qui, j’en suis certaine, trouvera son public auprès des joueurs très patients, des âmes profondément contemplatives qui ne sont pas effrayées par une certaine austérité ludique et des mécaniques qui manquent de finition. Pour ma part, et malgré une réelle affection pour l’esthétique générale et l’ambiance unique du jeu, les frustrations accumulées ont eu raison de ma persévérance. Un beau voyage sur le papier, une magnifique promesse, qui s’est malheureusement égarée en chemin, me laissant sur le quai avec mes regrets et une légère amertume.
CE QUI M’A CHARMÉ (AU DÉBUT, SURTOUT) :
- Une direction artistique globalement somptueuse, capable d’offrir des panoramas et des ambiances à couper le souffle.
- Le concept d’une narration silencieuse et environnementale, qui stimule l’imagination (quand on a la patience de chercher).
- Des énigmes environnementales qui, prises individuellement, sont souvent intelligentes et demandent un minimum de réflexion.
- Le charme indéniable du duo renard-corbeau et le potentiel du système de runes et de compétences.
CE QUI M’A FAIT DÉCROCHER (ET SOUPIRER TRÈS FORT) :
- Un monde ouvert gigantesque mais désespérément vide, transformant l’exploration en une longue marche parfois sans âme.
- Les sauts ! Une source de frustration constante due à une imprécision flagrante et des bugs de collision.
- « Fiat Lux… ou pas ! » : Des zones entières plongées dans une obscurité quasi totale, rendant la progression pénible.
- Une boucle de gameplay qui devient rapidement répétitive (collecter X pour ouvrir Y, le tout en boucle).
- Une bande-son trop évanescente, qui ne parvient pas à masquer les lacunes et le sentiment de vide.
- Un rythme général qui s’étire en longueur, donnant l’impression que le jeu est plus vaste que nécessaire.
JÖTUNNSLAYER: HORDES OF HEL: Consoles en 2025, la descente de svartalfheim sur PC ! – La Pause Geek
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